Centrafrique: Corruption, cette gangrène dans les manœuvres judiciaires

En Centrafrique les combats armées ont fragilisé un système judiciaire à l’origine obsolète et dépourvu de ses valeurs les plus fondamentaux. A cela s’est ajouté de lourds dégâts et pertes en vies humaines et matériels incitant les victimes à réclamer justice et réparation de la part d’une institution minée par la corruption.

Il est tout à fait rare de voir  dans une république, une justice dont le sens du devoir primaire est de combattre la corruption, de verser elle-même dans la corruption.

Après des années de guerre, la justice centrafricaine a pour tâche de juger les crimes lourds.

Les autorités ont également manifesté leur volonté à mettre fin à l’impunité dans le pays.

Mais leurs actions se sont révélées insuffisantes au regard des crimes économiques, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crimes d’agression, viol, vol à main armée,

Finalement ces crimes deviennent une occasion pour la justice centrafricaine de légiférer sur ses prérogatives en faveur de « clients généraux ».

Faustin Touadéra avait en outre, martelé dans son discours en début du deuxième mandat que l’impunité zéro serait son cheval de bataille durant son second quinquennat.

Mais comment restaurer une justice qui a failli par la faute de magistrats inlassablement friands des dessous de tables.

En juillet 2021, le ministre d’Etat à la justice de l’époque, Dr Arnaux Djoubaye Abazène avait déclaré que « les magistrats sont corrompus ».

« Il y a quelques années, le débat sur la corruption n’avait pas eu lieu à l’égard des Magistrats hors Hiérarchie et ceux de la Cour de cassation…. » avait-t-il souligné.

Dans son discours, le garde des sceaux n’est pas allé du dos de la cuillère pour faire tomber le masque de l’intégrité dont se prévalaient les magistrats, les indexant directement de « corrompus ».

En d’autres termes, il ne fait plus aucun doute que de hauts magistrats violent éhontément leur serment, s’affranchissant de la Loi, et des normes juridiques internationales, et rendent des décisions arbitraires qui ne s’appuient sur aucun fondement juridique, en violation totale des dispositions pertinentes de la Constitution.

« Quand les juges sont corrompus par la cupidité ou l’ingérence politique, la balance de la justice est faussée et les simples citoyens en paient le prix », disait Mme Huguette Labelle, alors présidente de Transparency International avant d’ajouter qu’ « un système judiciaire corrompu ignore la voix de l’innocence et permet au coupable d’agir en toute impunité ».

Un système judiciaire qui a pour identité, extorsions de fonds, jugements de complaisance, pratique de pots-de-vin, collusion avec le pouvoir en place, ne peut servir la société.

« Depuis plusieurs années, le système judiciaire a vu son indépendance compromise par l’ingérence et les interventions inappropriées du pouvoir exécutif dans le fonctionnement de la justice. Cette dernière s’est compromise dans beaucoup de dossiers où les intérêts du président de la République sont manifestes » a encore souligné le garde des sceaux de l’époque.

On comprend alors que ces forfaitures judiciaires soient transmises de magistrats en magistrats, rendant caduque toute confiance en la justice centrafricaine.

Eric

 

 

 

 

 

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