Burkina Faso : « Il ne peut pas y avoir d’élection s’il n’y a pas de sécurité du territoire » souligne le Premier ministre Kyélèm de Tambèla
Le Premier ministre du Burkina Faso, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a accueilli en audience ce mardi 3 octobre 2023 à Ouagadougou une délégation de diplomates européens, dirigée par la Représentante spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, Emmanuela C. Del Re. Cette rencontre de haut niveau a été l’occasion de passer en revue les divers domaines de coopération entre l’Union européenne et le Burkina Faso.
Au cours des échanges, le Premier ministre a souligné l’importance d’une coopération harmonieuse entre le Burkina Faso et l’Union européenne. Il a cependant énoncé les relations tendues avec la France, exprimant des réserves quant à son attitude persistante de considérer le Burkina Faso comme une colonie.
« Nous avons toujours eu de bonnes relations avec l’Union européenne, contrairement à la France. Nous n’avions pas de bonnes relations avec la France parce que nous avons été colonisés par elle et qu’elle nous considère toujours comme sa colonie. Elle pense qu’elle doit toujours agir comme si nous étions encore ses colonies. Nous refusons cela. C’est à nous maintenant de définir notre vision. La France souhaite constamment nous maintenir sous sa domination et comme nous refusons cela, le Gouvernement français n’hésite pas à utiliser les institutions internationales pour entraver tous les projets en faveur du Burkina Faso. Si elle ne change pas, nos relations vont se détériorer, car nous sommes ici pour garantir notre pleine souveraineté et construire notre pays », a-t-il souligné.
Le Premier ministre s’est également impliqué sur la hâte d’organiser des élections dans un contexte de fragilité institutionnelle. Il a abordé la nécessité de poser des bases solides pour la stabilité des institutions avant de se précipiter vers des élections susceptibles d’être vulnérables aux coups d’État. « Il ne peut pas y avoir d’élection s’il n’y a pas de sécurité du territoire », a-t-il affirmé, soulignant la priorité de garantir la libre circulation des populations et des candidats avant d’envisager des élections. Le Premier ministre a également plaidé en faveur d’une nouvelle Constitution, reflétant l’histoire, la culture et les aspirations du Burkina Faso, afin de renforcer la refondation de la société burkinabè.
À la sortie de l’audience, Emmanuela C. Del Re, la Représentante spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel, a exprimé le souhait d’une collaboration étroite entre le Burkina Faso et l’Union européenne sur des questions cruciales telles que la sécurité, la coopération au développement et l’aide humanitaire.