Confédération de l’AES : Un horizon partagé, pour une vision transformative
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger viennent de franchir une étape décisive dans la mise en place de l’architecture de la Confédération regroupant les trois États. Réunis à Niamey le 17 mai 2024, les ministres des Affaires étrangères des trois pays ont adopté les textes fondateurs de cette future entité. Cette avancée majeure marque la naissance officielle de la Confédération des États de l’Alliance des États du Sahel (AES), en attendant la validation par les chefs d’État.
À l’issue de cette rencontre, Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a exprimé son enthousiasme en déclarant : « Nous pouvons considérer très clairement que la Confédération des États de l’Alliance des États du Sahel est née ». Cette déclaration fait suite à une réunion avec le Président de la Transition du Niger, signalant une avancée significative vers la formalisation de cette alliance. La réunion ministérielle à Niamey, quatrième du genre, a permis d’adopter les textes nécessaires à la création de la Confédération de l’AES, confirmant ainsi la détermination des trois pays à concrétiser leur vision commune.
La Confédération de l’AES n’est pas simplement une réponse aux défis immédiats mais représente également un projet ambitieux pour l’avenir de l’Afrique. Ousmane Bamba, modérateur du « Forum du Kénédougou », voit en cette alliance le point de départ d’une nouvelle Union africaine. Selon lui, une fois que la Confédération aura démontré ses avantages, elle pourra évoluer en une fédération plus solide. Il recommande que le traité fondateur soit contraignant pour garantir l’efficacité de l’alliance tout en restant ouvert à de nouvelles adhésions.
La Charte du Liptako Gourma, adoptée le 16 septembre 2023, a déjà posé les bases d’une coopération renforcée en matière de sécurité. Les trois pays ont compris la nécessité d’une synergie d’action pour faire face aux défis communs, notamment sécuritaires, et veulent désormais étendre cette coopération à d’autres domaines tels que l’économie et la défense. Pour assurer le succès de cette Confédération, il est crucial que les pays membres financent leurs propres projets. Les échecs du G5 Sahel ont montré les limites d’une dépendance excessive à l’égard de financements externes. Le Professeur Abdoul Karim Diamouténé souligne l’importance de mutualiser les ressources et d’élaborer des politiques communes, par exemple, pour la libre circulation des biens et des personnes, en tirant des leçons des obstacles rencontrés au sein de la CEDEAO.
L’énergie est un domaine où des avancées significatives peuvent être réalisées. Le Niger a déjà pris des mesures pour fournir du carburant aux autres pays membres, une initiative qui pourrait être étendue à d’autres secteurs d’investissement. La création d’une Banque de développement de l’AES est également envisagée pour soutenir les projets d’infrastructure et faciliter la prise de décisions économiques cruciales. La réunion de Niamey a permis d’adopter les textes du Cadre d’intégration politique, économique et social, notamment le Traité portant création de la Confédération de l’AES et le Règlement intérieur du Collège des chefs d’État. Ces documents sont essentiels pour la tenue de la première session du Collège des chefs d’État, marquant ainsi la dernière étape avant le lancement officiel de la Confédération.
Le succès de cette alliance dépendra de plusieurs facteurs, notamment la réalisation de la souveraineté, la sécurisation intégrale, et l’élaboration de politiques adaptées aux réalités des pays membres. La continuité des réformes et l’engagement des leaders politiques seront également déterminants pour transformer cette vision en réalité. Abdoulaye Diop insiste sur l’importance d’avancer rapidement pour finaliser les actes nécessaires au fonctionnement de la Confédération. Il souligne également la nécessité de prendre en compte les défis avec rigueur et engagement. La Confédération ne doit pas être perçue comme une réponse temporaire mais comme une solution durable aux aspirations des populations.
L’Alliance des États du Sahel représente une opportunité unique de redéfinir la coopération régionale en Afrique de l’Ouest. Elle symbolise l’espoir d’un avenir meilleur, fondé sur la solidarité, la mutualisation des ressources et une vision commune de développement.