Afrique du Sud : Les familles des victimes de l’apartheid portent plainte contre le gouvernement.
Vingt-cinq familles et survivants de crimes politiques sous l’apartheid ont intenté une action en justice contre le président sud-africain Cyril Ramaphosa et son gouvernement. Elles dénoncent l’absence d’enquêtes approfondies et le manque de justice pour des centaines de crimes graves commis durant l’ère ségrégationniste.
La plainte, déposée lundi à la Haute Cour de Pretoria, réclame 167 millions de rands de dédommagements et exige la création d’une commission d’enquête. Cette dernière aurait pour mission de faire la lumière sur les ingérences politiques qui auraient empêché l’avancement des enquêtes sur ces crimes. Parmi les affaires emblématiques figure celle des « Cradock Four », quatre militants anti-apartheid assassinés en 1985 par des agents de sécurité du régime. Malgré le refus d’amnistie par la Commission vérité et réconciliation, aucun responsable n’a été poursuivi à ce jour, ce qui exacerbe la frustration des familles.
Les documents fournis à la justice révèlent que des décisions exécutives auraient sciemment entravé les investigations entre 2003 et 2017. De son côté, le gouvernement nie toute entrave et affirme respecter les procédures judiciaires en vigueur. Les familles des victimes estiment que cette inaction constitue un frein à la réconciliation nationale et prive les générations actuelles d’un droit légitime à la justice. À travers cette plainte, elles espèrent obtenir les ressources nécessaires pour financer de nouvelles enquêtes, promouvoir des initiatives éducatives et organiser des commémorations en mémoire des disparus.
Un procès sur le cas des « Cradock Four » est prévu cette année, mais la pression monte alors que le temps joue contre les plaignants. Plusieurs témoins et responsables clés de l’époque sont déjà décédés, menaçant ainsi les chances de faire éclater la vérité.
Cette affaire pourrait raviver les débats sur la gestion post-apartheid de la justice en Afrique du Sud et accentuer les tensions autour des promesses non tenues en matière de vérité et de réparation.
Amen K.