RDC : L’impasse diplomatique face à l’avancée du M23
La réunion de Nairobi sur la crise dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) n’a pas eu lieu. En cause : l’incompatibilité grandissante entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, qui refusent désormais tout dialogue direct. L’initiative de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) est donc restée sans objet, puisque les principaux protagonistes n’ont pas répondu présent.
Sur le plan diplomatique, la situation demeure bloquée. Si l’implication du Rwanda dans le conflit est aujourd’hui reconnue, ni l’ONU ni les grandes puissances occidentales ne prennent de mesures fermes pour enrayer l’escalade. Seule l’Allemagne a suspendu, le 28 janvier 2025, ses discussions avec Kigali sur l’aide au développement, exigeant le retrait des forces rwandaises et du M23 de l’est de la RDC.
Pendant ce temps, le Rwanda agit désormais à visage découvert. L’ambassadeur itinérant pour la région des Grands Lacs, Vincent Karega, a clairement affirmé que la progression du M23 vers le Sud-Kivu était inévitable : « Ils vont continuer dans le Sud-Kivu parce que Goma ne peut pas être une fin en soi, à moins qu’il négocie avec le gouvernement de Kinshasa. Ce dont, je doute. » Cette déclaration, qui semble émaner directement de Paul Kagame, confirme les ambitions rwandaises dans la région.
Le scénario rappelle les événements de 1997, lorsque Kigali avait soutenu l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila pour renverser Mobutu Sese Seko. Le Rwanda cherche-t-il aujourd’hui à reproduire cette stratégie avec le M23 comme cheval de Troie ?
En attendant, la bataille de Goma a déjà fait plus de 100 morts et près d’un millier de blessés. Les populations, victimes de viols, de pillages et de pénuries alimentaires, vivent un véritable calvaire. Et rien ne laisse présager une amélioration du climat sécuritaire.
La communauté internationale agira-t-elle enfin pour instaurer un cessez-le-feu ? À moins que Paul Kagame, après son entretien « productif » avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio, ne finisse par entendre raison.
Amen K.