Numérique et paix au Sahel : Bamako lance un appel à la responsabilité collective

Organisé conjointement par Search for Common Ground, la Haute Autorité de la Communication (HAC) du Mali et l’UNESCO, l’événement s’est accompagné de consultations spécifiques sur l’intégrité de l’information. Objectif : poser les bases d’une gouvernance numérique inclusive dans une région confrontée à la montée des conflits et à la désinformation.
« Notre mission est de garantir une information libre mais responsable », a souligné Bechirx Diop, représentant du président de la HAC.
Si les réseaux sociaux ont contribué à démocratiser l’accès à l’information et au dialogue, ils sont aussi devenus des vecteurs de discours haineux. Une dérive qui inquiète les participants et appelle à des mécanismes de régulation co-construits.
Deux panels interactifs ont permis d’explorer les pistes de régulation et de participation citoyenne, salués par M’Bara Adiawiakexe, directeur pays de Search Mali : « Search transforme les défis numériques en opportunités, à travers des initiatives comme Laafi Kibary ou le Forum de Bamako sur le numérique. »
L’un des constats majeurs du forum : l’éducation aux médias est incontournable, dès le plus jeune âge. Fatouma Harker (Sankeré Labs) a plaidé pour des programmes éducatifs dès l’école primaire, notamment en zones rurales. Souleymane Oumarou Brah (NigerCheck) a, lui, rappelé le rôle essentiel des fact-checkers dans la lutte contre les fausses informations.
Côté régulation, Michel Elvis Keumos (UNESCO) a insisté sur la nécessité d’un cadre basé sur les droits humains : « La régulation doit être construite avec toutes les parties prenantes, et non imposée de façon unilatérale », a-t-il déclaré, en appelant à l’adoption des Principes directeurs de l’UNESCO pour encadrer les plateformes numériques.
Les consultations ont permis de formuler plusieurs recommandations concrètes :
- Développer la connectivité en milieu rural via des partenariats public-privé ;
- Intégrer l’éducation numérique dans les systèmes scolaires ;
- Harmoniser les législations numériques entre pays sahéliens ;
- Mettre en place des codes de conduite multipartites impliquant plateformes, États et société civile.
Pour le ministre de la Communication du Mali, ce chantier est déjà engagé : « Le numérique est désormais au cœur de la refondation nationale », a-t-il affirmé, évoquant un arsenal juridique couvrant la cybersécurité, la cryptologie, la signature électronique et la gouvernance des données.
En réunissant institutions, société civile, jeunes leaders et chercheurs, la conférence de Bamako marque une étape importante vers une régulation inclusive et constructive du numérique dans le Sahel. Une ambition commune : faire du numérique un levier de cohésion sociale, et non un vecteur de divisions.
Stella S.