Mali : cinq ans après le coup d’État, un bilan entre refondation et affirmation de souveraineté

Cinq ans après le coup d’État du 18 août 2020, le Mali se présente à la croisée des chemins. Confronté à une crise multidimensionnelle et à un État fragilisé, le pays semblait au bord de l’effondrement, avec près de 70 % de son territoire hors de contrôle. Aujourd’hui, la Transition revendique des acquis majeurs dans les domaines institutionnel, sécuritaire, économique et diplomatique, tout en poursuivant la quête de souveraineté.

La Transition a mené une réforme en profondeur des institutions. La nouvelle Constitution, adoptée par référendum et promulguée le 22 juillet 2023, a ouvert la voie à la création d’une Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) et à la révision du Code pénal et du Code de procédure pénale.

Un système intégré de gestion des ressources humaines est en cours de déploiement, tandis qu’une Charte nationale pour la paix et la réconciliation parachève ce chantier. Ces réformes ont été nourries par les Assises nationales de la refondation et le Dialogue inter-maliens, confirmant la volonté d’ancrer le changement dans une dynamique participative et endogène.

Malgré la suspension de certaines aides internationales, l’économie malienne affiche une croissance de 5 % en 2025 (FMI). Cette performance repose sur une gestion rigoureuse des finances publiques et sur des politiques de régulation des prix de l’énergie, des transports et des denrées de base.

Avec la Vision Mali Kura 2063, de grands projets structurants émergent : exploitation de la mine de lithium de Goulamina, construction de centrales solaires et création d’un centre d’intelligence artificielle et de robotique à Kati.

La reprise de Kidal, symbole de l’impuissance passée de l’État, a marqué un tournant. Les Forces armées maliennes (FAMa), équipées de blindés, drones et avions de chasse, opèrent désormais en autonomie sur tout le territoire. Des camps militaires et plus de 1 000 logements pour soldats sont en construction, tandis qu’un hôpital militaire national est en chantier.

Si la menace terroriste persiste, le rapport de force s’est inversé : les groupes armés, acculés, mènent surtout des actions sporadiques.

Sur le terrain social et infrastructurel, les efforts sont visibles : routes inaugurées à Sikasso, rénovation des grands stades, centaines de forages, nouveaux centres de dialyse et équipements sanitaires.

Un pacte de stabilité sociale et de croissance a été signé avec les partenaires sociaux, prévoyant des revalorisations salariales de 5,5 % en 2026 et 6,5 % en 2030. Le président de la Transition consacre par ailleurs les deux tiers de son fonds de souveraineté à des actions sociales.

Sur le plan international, le Mali a rompu avec ses anciennes dépendances. Avec le Burkina Faso et le Niger, il a créé la Confédération des États du Sahel (CES), une alliance fondée sur la souveraineté et la défense des intérêts des peuples. Cette nouvelle orientation diplomatique consacre un discours axé sur la dignité et l’indépendance.

Si les acquis sont tangibles, les défis restent importants : la menace sécuritaire, la consolidation institutionnelle et la stabilité sociale. Mais le leadership du général Assimi Goïta, appuyé par une population résiliente, incarne une volonté de souveraineté et de refondation.

Cinq ans après les turbulences de 2020, le « bateau Mali » semble avoir repris le cap, avançant vers un avenir où la souveraineté, la justice sociale et le développement durable apparaissent comme des priorités assumées.

Pierra S.

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