Afrique: La question du retour à l’ordre constitutionnel au Mali et au Burkina/ Faut-il mettre l’agréable au devant de l’utile?
Pourquoi la communauté internationale s’affiche comme étant plus préoccupée par les élections que par le sort des milliers de personnes qui subissent la furie des groupes terroristes qui sévissent au Mali et au Burkina-Faso. Cette question doit donner matière à réflexion pour les populations de ces trois pays, mais aussi pour tout le peuple africain.
L’Union européenne à travers son ambassadeur au Burkina, M. Wolfram Vetter a annoncé une enveloppe de 15 millions d’euros, pour soutenir le processus électoral devant mettre fin à la transition burkinabè. Un bien curieux financement qui révèle une fois encore l’hypocrisie de ces institutions internationales, quand on sait que ces mêmes organisations sont restés de marbre face au défi sécuritaire sans précédent auquel est confronté le Burkina, et leur refus de fournir des matériels nécessaires pour contrer le fléau.
La vie est sacrée dit-on. Mais on a l’impression qu’elle ne l’est pas pour les grands décideurs du monde, qui choisissent délibérément de donner la priorité à l’agréable plutôt qu’au vital, juste pour leurs intérêts égoïstes.
Face à l’extrémisme violent au Mali, et au Burkina-Faso, nous avions assisté à un laxisme non seulement de la communauté internationale, mais aussi des Présidents « démocratiquement élus ». Ce qui a favorisé l’avancée et la récurrence des attaques terroristes, avec son lot de victimes et la crise humanitaire. Jusqu’à ce que des dignes fils patriotes de ces pays ne prennent la mesure de la chose, en renversant ces Chefs d’Etat, « impuissants ou négligents » sur l’ampleur du fléau.
Dès lors, les nouveaux maîtres de ces pays, ont entamé une vraie guerre pour éradiquer le phénomène et ramener la paix et la stabilité.
Conduites désormais par des Chefs d’Etat, soucieux de l’avenir de leur pays, les troupes armées de ces Etats sont galvanisées et équipées. Désormais dotées d’une puissance de feu, elles sont passées de leur position défensive attentiste à celle offensive. Les résultats sont palpables. Les assaillants, alors en position d’infériorité sont éliminés par centaines, certaines parties des territoires récupérés des mains des terroristes.
Les Présidents Assimi Goîta et Ibrahim Traoré, n’ont jamais manifesté la volonté de s’éterniser au pouvoir. Mais il faut reconnaître que la paix et de la stabilité sont des conditions sine qua non pour des élections transparentes, fiables, apaisées et acceptées de tous. Et la lutte pour enrayer l’insécurité, qui s’est enlisée depuis des années sous les régimes antérieurs présidés par des civils est un vaste chantier qui ne peut être achevé en un temps record de 24 mois, comme l’exige la CEDEAO.
Alors doit-on au nom du retour à l’ordre constitutionnel mettre la charrue devant les bœufs, et démolir des mois d’efforts consentis par les dirigeants de la transition des pays en question? Comment peut-on tenir des élections dans un pays ou presque la moitié du territoire se trouve dans l’insécurité?
Au même moment, depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011, 9 dirigeants « désignés » se sont succédés à la tête de la Libye sans que personne n’émet une critique et ne le trouve anormal ou anticonstitutionnel. Pourquoi la communauté internationale ne fait pas la pression pour l’organisation d’une élection dans ce pays dont elle est auteur et complice de la déstabilisation? Qu’est-ce qui se cache derrière cette politique de deux poids deux mesures?
Il est clair que les pilleurs des richesses de l’Afrique, qui ont depuis 12 ans mis la main sur le pétrole libyen, qu’ils saccagent à volonté, font des pieds et des mains pour reprendre et remettre les rênes des pays sur lesquelles ils ont perdu le contrôle, à leurs pions, qui ne feront que leur ouvrir la voie pour la course au trésor une fois installé.
Les élections font partie intégrante des composantes d’un État démocratique, certes. Mais peuvent-elles se tenir dans le contexte sécuritaire actuel qui prévaut au Mali et au Burkina où plusieurs zones sont encore sous l’emprise des groupes djihadistes?
Fatou DIALLO