Gabon : La diplomatie environnementale, cheval de bataille de Ali Bongo pour son retour sur la scène internationale
Pour les autorités saoudiennes, la présence du Gabon à ce Forum était « toute naturelle ». « Le Gabon est l’un des pays les plus en pointe au monde dans la lutte contre le réchauffement climatique. En outre, le président Ali Bongo Ondimba est un ami intime du Roi », se plait-on à rappeler dans l’entourage du Prince héritier.
C’est tout un symbole, car c’est dans cette ville sainte de Ryad que le président Ali Bongo avait fait une grave crise d’AVC qui l’avait éloigné des grands rendez-vous internationaux. Engagé sur les questions environnementales, le président gabonais Ali Bongo a choisi la capitale du royaume d’Arabie saoudite pour marquer pleinement son retour sur la scène internationale à l’occasion du Sommet de l’initiative verte du Moyen-Orient.
Lancée par le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane (MBS), l’initiative verte du Moyen-Orient (MGI) a pour but de définir une feuille de route qui contribue aux efforts de la communauté internationale pour la protection de la planète et la nature. Dans son allocution d’ouverture, MBS a salué la présence « très remarquée » du président gabonais, « son frère Ali Bongo », dont il a aussi souligné l’engagement et le leadership dans la lutte pour la préservation de l’environnement. Car, il sied de le noter, an niveau du continent africain, le Gabon est le pays négociateur du climat avec les autres partenaires.
Mohammed Ben Salmane et le président Ali Bongo, ont tour à tour, rappelé aux dirigeants du monde que l’objet de ce Sommet qui se tient à une semaine de la Cop26 de Glasgow, est de coordonner les efforts pour protéger l’environnement et faire face au changement climatique en vue d’ établir une feuille de route pour réduire les émissions de carbone dans la région de plus de 10% des contributions mondiales, et planter 50 milliards d’arbres dans la région, selon un programme considéré comme le plus ambitieux au monde en la matière, et qui représente à lui seul 5 % de l’objectif mondial de reboisement.
« Nous espérons aujourd’hui, dans le cadre de ce Sommet, travailler ensemble pour élaborer une feuille de route régionale et une méthodologie de travail pour permettre la réalisation de ces objectifs ambitieux », a déclaré le prince Mohammed Ben Salmane. Et d’ajouter : « nous sommes conscients que le changement climatique est une opportunité économique pour les particuliers et le secteur privé, qui seront stimulés par l’Initiative verte pour le Moyen-Orient, pour créer des emplois de qualité et promouvoir l’innovation dans la région ».
Le prince héritier saoudien a également indiqué que son pays veillera à établir une plateforme de coopération pour mettre en œuvre le concept d’économie circulaire du carbone, créer un centre régional pour le changement climatique, et mettre en place un complexe régional de capture, d’utilisation et de stockage du carbone.
Avec la présence « naturelle » du Gabon, pays du Bassin du Congo, l’Arabie saoudite s’attèlera également, a ajouté Mohammed ben Salmane, à la création d’un centre régional d’alerte précoce des tempêtes, à la création d’un centre régional pour le développement durable de la pêche et à la mise en place d’un programme régional d’ensemencement des nuages. Ces centres et programmes joueront, selon lui, un rôle majeur dans la création des infrastructures nécessaires pour protéger l’environnement et réduire les émissions et élever le niveau de coordination régionale.
L’un des objectifs ciblés par ce sommet est aussi la création de la première alliance de lutte contre le changement climatique au Moyen-Orient et d’une plateforme à la fois d’expertises et de capital financier pour promouvoir l’investissement et le transfert du savoir-faire et des connaissances. Il s’agit également de mettre en place les piliers d’une diplomatie environnementale, en renforçant la gestion politique nécessaire pour créer un changement radical.
Au regard de tout ce qui précède, il sied de rappeler qu’en mars 2021, plusieurs pays membres de la Ligue arabe avaient adopté l’Initiative verte du Moyen-Orient qui cible, entre autres objectifs, la plantation de 50 milliards d’arbres dans toutes les régions du Moyen-Orient, dont 10 milliards d’arbres en Arabie Saoudite, ainsi que la réparation de 200 millions d’hectares de terres détériorées à travers le reboisement. Ces actions permettraient de baisser les émissions de carbone de 2,5% et de plus de 60% pour ce qui est des émissions issues de la production du pétrole et du gaz dans la région.
Les travaux du Sommet ont débuté lundi 25 octobre, et se sont poursuivis le mardi 26 à Ryad, avec la participation de nombreux chefs d’Etat et responsables gouvernementaux.
L’Arabie Saoudite envisage, dans ce cadre, de travailler avec ses voisins pour lutter contre le changement climatique au-delà de ses frontières par le biais d’une action collective, indique le site de ” l’initiative Saoudite verte “.
Pour mémoire, la Banque Mondiale (BM) a mis en place un nouveau plan de travail sur le changement du climat pour la période 2021-2025, pour orienter ses interventions soit en matière d’allègement des impacts ou d’adaptation aux changements climatiques, tout en répondant aux besoins urgents dans le domaine de développement, soulignant qu’il est important de se concentrer sur la transition vers l’économie verte.