Afrique de l’Est : L’Igad sous pression face à la crise soudanaise et aux tensions Éthiopie-Somalie
La 42e Session extraordinaire de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) s’est achevée le jeudi 18 janvier en Ouganda. Cette organisation régionale, réunissant sept pays d’Afrique de l’Est, a dû faire face à deux crises majeures. D’une part, la tension diplomatique croissante entre l’Éthiopie et la Somalie, suite à l’accord controversé avec le Somaliland, territoire autoproclamé indépendant non reconnu par Mogadiscio. D’autre part, la guerre au Soudan depuis avril, exacerbée par l’absence de certains belligérants lors du sommet.
En effet, la difficulté de parvenir à une paix durable a été accentuée par l’absence de l’Éthiopie, officiellement due à des conflits d’emploi du temps, et le boycott du général al-Burhan, chef de l’armée soudanaise, en raison de l’invitation de son ennemi, le général Hemedti. Malgré ces obstacles, l’Igad a entrepris des démarches pour relancer les initiatives de paix. En ce qui concerne le Soudan, l’organisation a rappelé aux parties en conflit leurs engagements et promesses, les exhortant à des rencontres directes dans les 14 jours à venir. Les États membres ont souligné que le Soudan n’appartient pas aux parties en conflit, mais au peuple. Le secrétariat de l’Igad a donc la lourde tâche de réviser la feuille de route adoptée en juin dernier, mais restée lettre morte. Il doit également établir un calendrier clair pour la convocation, dans un mois, d’un nouveau processus de paix dirigé par les Soudanais. Cette mission délicate intervient dans un contexte de situation désastreuse sur le terrain et d’antagonisme fort entre les généraux.
Le mercredi 17 janvier, l’Union africaine (UA) a annoncé la mise en place d’un panel de haut niveau pour résoudre la crise au Soudan. Présidé par Mohamed Ibn Chambas, haut représentant de l’UA, le comité, comprenant Speciosa Indira-Kazibwe, ancienne vice-présidente de l’Ouganda, et Francisco Madeira, ancien représentant de l’UA en Somalie, entrera immédiatement en action pour « faire taire les armes ». Les membres du comité travailleront en coordination avec l’Igad, l’ONU et la Ligue arabe, collaborant avec toutes les parties soudanaises, civiles et militaires, pour restaurer rapidement la paix et la sécurité au Soudan. Malgré les efforts déployés par ces différentes instances régionales et internationales, les affrontements au Soudan perdurent depuis 10 mois, laissant la situation devenir de plus en plus préoccupante. Les tensions entre Khartoum et l’Igad se sont exacerbées récemment, et le processus de Jeddah est actuellement à l’arrêt. Ce contexte offre à l’UA l’opportunité de revenir sur ce dossier, objet d’une concurrence intense entre différents médiateurs.
Peu après le début de la guerre en avril 2023, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA avait décidé d’envoyer une délégation à Khartoum, empêchée pour des raisons sécuritaires. Depuis la chute du président el-Béchir en 2019, l’UA s’est engagée au Soudan en faisant partie du comité tripartite aux côtés des Nations unies et de l’Igad, cherchant à rapprocher les parties civiles et militaires. En janvier 2022, Moussa Faki, le président de la Commission de l’Union africaine, a présenté au général al-Burhan un plan pour sortir de la crise, sans succès. En ce qui concerne les tensions Éthiopie-Somalie, l’Igad a pris position en faveur de Mogadiscio, soulignant les « principes cardinaux de souveraineté, unité et intégrité territoriale » du pays.
Notons que, les États membres ont déclaré que toute action et accord doivent respecter ces principes et se faire avec le consentement somalien. Malgré cela, l’Igad a appelé les deux parties à s’engager dans une désescalade et à initier un dialogue constructif. Les États-Unis ont également exprimé leurs préoccupations, craignant que cette crise perturbe la lutte contre les terroristes shebabs en permettant aux islamistes de recruter de nouveaux membres.