Mali : recrutement de 3 000 agents de sécurité pour renforcer la souveraineté intérieure

Tout récemment, les autorités maliennes ont lancé une nouvelle campagne de recrutement visant à intégrer 2 000 gardiens de la paix au sein de la Police nationale et 1 000 sapeurs du rang pour la Protection civile. Cette initiative, portée par le ministère de la Sécurité et de la Protection civile, s’inscrit dans un contexte sécuritaire tendu, marqué par le retrait progressif de la MINUSMA, la persistance des violences dans le nord et le centre, ainsi qu’une volonté affirmée de renforcer la souveraineté nationale.
Ce recrutement s’aligne sur le Plan d’Action gouvernemental 2025-2026, qui ambitionne de mobiliser plus de 24 000 agents de sécurité en deux ans. À cet effet, le budget alloué à la sécurité intérieure a été rehaussé de 38 % par rapport à 2023, selon le ministère de l’Économie et des Finances.
Une première vague de recrutement en août 2024 avait permis d’intégrer 1 000 policiers et 500 sapeurs. Face aux défis persistants, insécurité urbaine, faible couverture territoriale et catastrophes naturelles, le gouvernement malien a décidé d’accélérer ses efforts. Le général Daoud Aly Mohammedine, ministre de la Sécurité, a souligné la nécessité de redéployer les forces dans des zones stratégiques comme Mopti, Douentza, Niono et Ansongo.
À l’image d’autres pays de la région post-crise, comme la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso, le Mali opte pour une stratégie de renforcement massif et ciblé de ses forces de sécurité. Des comparaisons internationales peuvent aussi être faites avec la Tunisie post-2011 ou la Colombie après 2016. Mais le Mali fait face à des défis spécifiques : méfiance envers les forces de l’ordre, risques d’infiltration, et contraintes logistiques. Des ONG, dont la FIDH et Human Rights Watch, appellent à intégrer dans la formation des recrues des modules sur les droits humains et la prévention des abus.
Le concours prévoit une présélection sur dossier, des épreuves écrites et une formation en école spécialisée. Les candidats, maliens de naissance, doivent avoir entre 18 et 26 ans, avec un profil moral irréprochable. Si le ministère promet la transparence, certains syndicats de police réclament une supervision indépendante.
Dans les villes comme Bamako, Ségou ou Sikasso, ce recrutement suscite un espoir populaire, symbole d’emploi stable et de souveraineté retrouvée. Reste à transformer ces espoirs en force publique efficace, proche des citoyens.
Amen K.