Monnaie : les pays de l’AES annoncent leur intention de rompre avec le franc CFA

Bamako, Niamey, Ouagadougou – juillet 2025. Les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur volonté de se détacher du franc CFA, monnaie héritée de la colonisation française. Une décision stratégique, à forte portée symbolique et politique, qui marque une nouvelle étape dans leur quête de souveraineté.

Géré par la BCEAO mais adossé au Trésor français, le franc CFA cristallise depuis des décennies critiques et frustrations. Il est accusé de maintenir une dépendance structurelle des pays d’Afrique de l’Ouest à l’égard de la France. Pour les dirigeants de l’AES, la sortie de cette zone monétaire est désormais envisagée comme une condition nécessaire à leur émancipation économique et politique.

« Nous travaillons à rompre avec cette monnaie qui ne reflète ni notre histoire, ni nos ambitions », a déclaré récemment Bassolma Bazié, président de la Commission nationale burkinabè de l’AES. Il s’agit, selon lui, d’un « acte de souveraineté » qui s’inscrit dans une dynamique plus large de refondation institutionnelle dans la région.

Si l’intention est claire, les modalités techniques restent à définir. Les pays concernés étudient plusieurs pistes : créer une monnaie unique pour l’espace AES, l’adosser à un panier de devises ou à des ressources naturelles, ou encore bâtir des banques centrales nationales ou régionales. L’enjeu est d’instaurer une politique monétaire cohérente, capable de stimuler l’investissement, de protéger le pouvoir d’achat et de soutenir la croissance.

Mais les défis sont considérables : stabilité macroéconomique, confiance des marchés, coordination intergouvernementale… Pour réussir cette transition, les trois pays devront avancer avec méthode et transparence.

Cette volonté de rupture avec le franc CFA illustre la dynamique de recentrage stratégique impulsée par l’AES. Dans un contexte régional marqué par l’instabilité, les sanctions extérieures et les défis économiques, le choix d’une monnaie propre est présenté comme un levier de résilience et de réorientation du développement.

Il ne s’agit pas seulement d’un changement d’unité monétaire, mais d’un signal fort : celui d’une volonté d’indépendance et de réappropriation des outils de pilotage économique. Pour le Sahel, c’est peut-être le début d’une ère nouvelle.

Stella S.

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