Sahel : vers une carte d’identité biométrique commune pour les pays de l’AES

Bamako, 17 juillet 2025 – Après le lancement du passeport biométrique commun, les trois pays membres de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) : le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’apprêtent à franchir une nouvelle étape dans leur processus d’intégration : l’introduction d’une carte d’identité biométrique commune.

L’annonce a été faite mercredi par le ministre malien de la Sécurité et de la Protection civile, Daoud Aly Mohammedine, à l’issue d’un conseil des ministres. Le gouvernement malien a adopté un projet de décret instituant et réglementant cette nouvelle carte d’identité, qui sera harmonisée au sein de l’espace confédéral.

« En vue d’assurer la libre circulation des personnes dans le contexte sécuritaire du Sahel, les chefs d’État de la Confédération ont décidé de l’harmonisation des spécifications techniques des documents de voyage et d’identité », a précisé le ministre dans un communiqué.

Cette décision intervient après la validation technique du projet le 22 novembre 2024 à Bamako par les ministres en charge de la Sécurité des trois pays. Elle a été formalisée par le président de la Confédération, le général Assimi Goïta, le 18 avril 2025.

Baptisée « Carte d’identité biométrique AES », cette pièce viendra compléter le « e-passeport AES » déjà mis en circulation. L’objectif affiché est de faciliter la mobilité intra-confédérale, tout en renforçant la sécurité des citoyens dans un espace marqué par l’instabilité et les menaces terroristes.

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de rapprochement politique, économique et militaire des trois États sahéliens, tous dirigés par des juntes militaires issues de coups d’État : au Mali en 2020, au Burkina Faso en 2022 et au Niger en 2023.

Depuis leur retrait officiel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 29 janvier 2025, les pays de l’AES ont multiplié les projets d’intégration. Outre la mutualisation des documents d’identité, ils ont lancé :

  • Une force militaire conjointe de 5 000 hommes pour lutter contre le terrorisme,
  • La Banque confédérale pour l’investissement et le développement (BCID AES),
  • Et des partenariats stratégiques alternatifs, notamment avec la Russie.

À travers ces initiatives, les autorités de l’AES ambitionnent de bâtir une confédération autonome, à la fois sécurisée et économiquement intégrée, rompant définitivement avec les structures régionales traditionnelles perçues comme inefficaces ou hostiles.

Pierra S.

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