Kenya : Suspension prolongée du déploiement des policiers en Haïti
La Haute cour kenyane a décidé mardi 24 octobre de prolonger la suspension du déploiement d’un millier de policiers kenyans en Haïti, une mission soutenue par l’ONU pour aider le pays à lutter contre les gangs criminels. La cour avait autorisé le Kenya à prendre la tête de cette force multinationale, mais l’opposition a contesté cette décision comme anticonstitutionnelle.
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait donné son aval au début du mois, mais le parti kenyan d’opposition, Thirdway Alliance, avait saisi la justice, affirmant que le déploiement violait la Constitution. La cour avait accordé 15 jours à toutes les parties pour présenter leurs arguments. Pour l’instant, seuls les plaignants et le procureur général ont rendu leurs remarques. Les autres parties, y compris la police et le ministère de l’Intérieur, n’ont pas encore présenté leurs arguments. Charles Mitenga, avocat des plaignants, dénonce le non-respect des ordres de la cour, affirmant que des policiers kényans sont déjà en Haïti.
Le procureur général, Emmanuel Bitta, estime que la question relève du Parlement et non de la justice. Cependant, le juge Enock Mwita maintient la suspension du déploiement jusqu’à ce que l’affaire soit jugée, soulignant que la cour a été saisie avant toute autre juridiction. Cette décision de la Haute Cour met le gouvernement dans une position délicate, d’autant plus que l’opinion publique kenyane réagit fortement contre cette mission en Haïti. Des voix critiques, dont l’écrivain Ngugi Wa Thiong’o, dénoncent la corruption et la violence de la police kenyane.
Mathias Kanyuni d’Amnesty International souligne que le déploiement de la police kenyane doit être soumis à la délibération du Parlement. Ekuru Aukot, président d’Alliance troisième voie, estime que la mission susciter une telle levée de boucliers que la justice finira par rendre service en clarifiant la question. Une nouvelle audience est prévue le 9 novembre.