Kenya : Que savoir de la requête déposée par les agriculteurs devant la justice concernant une loi sur les semences ?

Kenya

Au Kenya, des agriculteurs ont déposé ce lundi 16 octobre 2023, une requête devant la justice pour amender une loi criminalisant l’usage, la vente ou le troc de semences indigènes non-certifiées. Des semences pourtant très largement utilisées dans le pays. Explications.

C’est une première au Kenya : quinze agriculteurs de tout le pays ont déposé une requête ce 16 octobre 2023, devant la justice, pour amender une loi ; celle sur les semences et variétés végétales, introduite en 2021, qui criminalise l’usage, la vente ou le troc de semences indigènes non-certifiées. Les contrevenants peuvent encourir des peines allant jusqu’à 2 ans de prison et 6 800 dollars d’amende. Pourtant, au Kenya comme dans toute l’Afrique, 90% des récoltes proviennent de semences indigènes.

Francis Njiri, lui, possède une ferme dans le comté de Nakuru. Il y cultive du maïs, des haricots, du manioc. Ses semences, il les tient de son père et de son grand-père avant lui. Francis a donc déposé une requête ce lundi auprès de la justice, car il ne comprend pas cette loi qui fait de lui un criminel : « Notre Constitution nous garantit le bénéfice de nos ressources naturelles. Les semences indigènes sont une de nos richesses, donc on ne comprend pas pourquoi des lois doivent être créées pour nous empêcher de jouir de la propriété et des bénéfices de nos semences. La loi sur les variétés végétales est une oppression pour les fermiers. »

Pour se conformer à la loi, les agriculteurs kényans ont deux solutions : faire certifier leurs semences ou en acheter qui le sont déjà. Dans les deux cas, le processus est trop coûteux pour eux. À terme, il y a aussi le risque d’un appauvrissement de la biodiversité. Elizabeth Atieno, de Greenpeace Kenya, explique : « Ce sont des semences que les agriculteurs utilisent depuis toujours. La plupart sont adaptées aux conditions environnementales locales. Dans les zones arides et semi-arides, ces semences sont très résistantes, y compris lors de longues périodes de sécheresse. Donc si vous voulez un Kenya autosuffisant à l’avenir, vous devez laisser les agriculteurs travailler comme ils le font. »

L’agriculture familiale représente 70% de la production kényane.

Achille D. 

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