Présidentielles à Madagascar : La présidente de l’Assemblée estime que le pays est « dans l’impasse »

Madagascar

Madagascar, où les tensions à un mois de la présidentielle ne cessent de croître avec des manifestations quasi quotidiennes de l’opposition, est « dans l’impasse », a reconnu mardi 17 octobre 2023, la présidente de l’Assemblée nationale, proche du pouvoir.

« Notre pays va mal, notre peuple est en souffrance, et nous sommes la cause de cette défaillance. On est dans l’impasse », a déclaré Christine Razanamahasoa devant des députés de l’opposition qui ont réclamé en séance la démission du Premier ministre, propulsé à la tête d’un gouvernement d’intérim contesté, pour la période électorale.

La Grande île de l’océan Indien est depuis plusieurs semaines le théâtre d’une bataille acharnée entre le président sortant candidat à sa propre réélection, Andry Rajoelina, et ses rivaux déclarés pour le premier tour de la présidentielle le 16 novembre. Rassemblés dans une alliance baptisée « le collectif des 11 », ces opposants appellent depuis plus de deux semaines à manifester pour réclamer un scrutin « transparent et équitable » et dénoncent un « coup d’Etat institutionnel ».

La plus haute juridiction du pays avait rejeté en septembre trois recours réclamant l’invalidation de la candidature de Rajoelina « pour défaut de nationalité malgache ». Fin juin, des informations de presse avaient en effet révélé qu’il avait été naturalisé français en 2014. Au début du mois, un des candidats a été blessé à Antananarivo lors d’un des rassemblements de l’opposition régulièrement empêchés par les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. Dans la foulée, la justice a ordonné le report d’une semaine du premier tour du scrutin, initialement prévu le 9 novembre.

Les Etats-Unis et l’Union européenne, qui suivent la campagne électorale avec « la plus grande vigilance », ont dénoncé un « usage disproportionné de la force ». Mardi, dans une atmosphère tendue, les députés de l’opposition munis de banderoles « Nstay dégage », ont réclamé le départ du Premier ministre. Christian Ntsay, proche de Rajoelina, est à la tête de l’exécutif jusqu’à l’élection d’un nouveau président, une position qui devait normalement être assurée par le président du Sénat, évincé. Une manœuvre du pouvoir, selon les opposants.

« Les germes d’un conflit pour une guerre fratricide sont visibles et ne cessent de s’amplifier », a mis en garde la présidente de l’Assemblée. « J’irai là où il y aura une sortie de crise dans l’intérêt suprême de la nation », a-t-elle ajouté sous les hourras de l’Assemblée, alors que d’autres proches de Rajoelina commencent à prôner l’apaisement. « Pourquoi on s’aventure dans des choses illégales ? C’est inacceptable. Ces adversaires, il faut les battre à la loyale », a déclaré à l’AFP un député du parti présidentiel, Paul Bert Rahasimanana, appelant Andry Rajoelina au dialogue.

A l’issue d’une rencontre avec les représentants de l’UE et des Etats-Unis, le gouvernement malgache a appelé mardi dans un communiqué au « respect du principe sacro-saint de la souveraineté nationale ». Soulignant la « violence caractérisée » des rassemblements de l’opposition, « loin d’être des manifestations pacifiques », le gouvernement a souligné avoir listé dans un arrêté « les lieux de propagande » où les regroupements sont autorisés pendant la campagne et appelé à observer la loi.

Roxanne Akapko

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